Inutile de rentrer dans des détails techniques, bien qu’ils soient parfois primordiaux, ou de faire un inventaire des services indispensables qui doivent être lancés pour arriver jusqu’à un bureau fonctionnel. Ce n’est pas inintéressant, mais ce n’est pas vraiment ce qui préoccupe le néophyte. D’ailleurs, qu’est-ce qui préoccupe le néophyte ? Bonne question. Quand on utilise Linux depuis des années, on ne se rend plus bien compte où se trouvent les blocages.
Simplifier l’installation
Prenons un premier exemple : les dépôts. Tout le monde sait ce qu’est un dépôt. Mais qu’est-ce dans une distribution Linux? Souvent nous écrivons une phrase du style « le logiciel se trouve dans les dépôts de la distribution ». Encore faut-il savoir où se trouve ce dépôt. En fait, il est déjà configuré dans la distribution. Terminé le temps où l’on installait des logiciels depuis des CD-ROM. Tous les logiciels sont disponibles sur des serveurs FTP, serveurs qui sont des dépôts logiciels et que nous appelons communément dépôts et aussi miroirs (mirror en anglo-saxon). Donc, contrairement à Windows, une grande partie des logiciels qu’on peut installer sous Linux sont déjà compilés et disponibles. Il n’y a plus qu’à aller les chercher. Debian et par extension Ubuntu en sont les spécialistes. Avec les dépôts Univers et Multiverse de Ubuntu, on trouve des milliers de logiciels. Il n’y a qu’à taper la formule magique apt install pour que le logiciel et les dépendances nécessaires s’installent via un transfert par Internet. Simple et efficace (surtout depuis l’arrivée de l’ADSL, car avant c’était différent). Inutile de perdre son temps à aller chercher des fichiers d’installation sur un site. À ce sujet, les PPA de Ubuntu, des dépôts spécifiques directement gérer par les développeurs ont fait la force de la distribution en proposant des logiciels parfois peu connus ou peu utilisés au format deb rendant ainsi l’adoption d’un logiciel plus facile. Une grande force d’Ubuntu même si parfois ça fait râler. Arch Linux avec son système de portage présente également le même avantage à la différence que le logiciel sera parfois compilé à la demande, ce qui nécessite une machine plus puissante et une bonne connexion Internet pour des mises à jour régulières. Cet exemple sur l’installation de logiciels amène à aborder brièvement le terme de dépendances. Une dépendance peut être tout simplement définie comme un logiciel nécessaire au fonctionnement d’un autre. Si on demande l’installation du serveur SSH (openssh-server) ceci entraîne automatiquement l’installation d’autres logiciels comme libpam, openssh-client, openssh-ftp-server, etc.
Dépôt : le nerf de la guerre
Comme nous l’avons écrit ci-dessus, si on doit parler de dépôts, ceux de Debian sont une référence par le volume de logiciels proposés. Ils ont toutefois un inconvénient : un grand nombre de logiciels disponibles le sont dans des versions anciennes. Pourquoi ? Parce qu’il faut bien comprendre que pour créer un fichier .deb, le format de paquetage propre à Debian (en opposition au format rpm de Fedora, Mageia ou openSUSE), il faut qu’une personne se charge de compiler les sources du logiciel en question et qu’ensuite il soit vérifié et redistribué. Ce qui prend du temps et in fine coûte de l’argent… à des bénévoles. Sans parler des problèmes logistiques pour maintenir plusieurs copies de dépôts à travers le monde. L’importance prise par les dépôts logiciels est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il n’existe finalement que très peu de distributions « originales » et que 90 % des autres projets prennent leur source sur une distribution existante. Les dérivées de Ubuntu comme Linux Mint, pour citer la plus célèbre, profite à fond des dépôts Ubuntu et Debian et finalement ne maintient que très peu de logiciels par rapport à la liste proposée. C’est exactement la même chose pour Ubuntu avec Debian. Comprenez que si Debian venait à arrêter (ce qui est pour l’heure hautement improbable), la majorité des distributions auraient des problèmes dans la gestion de leurs logiciels. Aujourd’hui, il y a trois grandes sources de logiciels : Debian, Fedora avec RPM Fusion et Arch. Dans un passé pas si lointain, Mandriva proposait une base complète, mais qui s’est étiolée au fil du temps. C’est d’ailleurs une des problématiques pour des distributions comme Mageia et openSUSE qui peinent à trouver de nouveaux utilisateurs en partie à cause du manque de logiciels disponibles dans les dépôts en comparaison à Dépôt : le nerf de la guerre d’autres projets. Car même pour un utilisateur averti, si compiler des ensembles logiciels complexes ne représente pas de difficultés, c’est une perte de temps par rapport à pouvoir passer une simple commande qui va gérer installation et dépendances.